Cartoon image of myself

viz.garden

Links, notes & quotes by Louis‑Jean Teitelbaum.

Dans le cadre des questionnements actuels sur la manière dont les individus se créent des « bulles » d’espaces privés dans l’espace public (le téléphone portable en est un exemple) le voile intégral en est l’expression ultime de sorte qu’il s’apparente davantage à une sorte de « lieu portatif » qu’à un vêtement, une manière de recréer un espace privé dans l’espace public.

—Frédéric Dejean — L'Islam en Europe : invisible, visible, trop visible ?

je passe désormais des journées entières, voire des semaines sans livre, et pourtant n'ai jamais autant densément lu, ni rien abandonné de mes essentiels

François Bon (l’article est un peu grotesquement critique).

La fenêtre en diapos

J'ai récemment présenté mes travaux aux membres du département SES de Telecom ParisTech.

Voici le texte et les diapos de la présentation.

On y retrouve tous les thèmes que j'ai abordés ici jusqu'à présent. L'exposé commence par un historique de la fenêtre, puis étudie en particulier cinq aspects de la fenêtre :

I don’t have to change myself to fit the product, it fits me.

Jonathan Ive.

L'informatique a toujours été définie par ses porteurs comme une transformation. Transformation de la connaissance, transformation de la pensée, transformation du travail, transformation de la société.
L'idéologie derrière l'utilisabilité, c'est de dire que l'individu sera épargnée par cette transformation. Il n'aura pas besoin d'apprendre, il n'aura pas besoin de changer.

Mike Rundle – Crafting Subtle & Realistic User Interfaces, via @siracusa :

Next time you want to create something shiny, think about what type of material you’re really executing: is it plastic? Glass? Reflective aluminum? If you’re designing a matte element, think about just how grainy and textured it should be. Paper or sandpaper? Cardboard or anodized aluminum like an iMac? Is there transparency? Are you emulating something in real life or creating a material that’s more hyperrealistic?

Reality is subtle. When something looks “off” in an interface, it probably looks fake, like it wouldn’t exist in the real world.

Les interfaces ne sont pas que graphiques. Elles sont aussi synesthétiques. Elles doivent avoir l'air tangibles.

L'argument principal de l'article, c'est que les interfaces doivent être réalistes pour être crédibles et efficaces. Ça va un peu à l'encontre de toute l'histoire des interfaces graphiques avant Mac OS X et Aqua. Le toujours excellent Lukas Mathis s'emporte d'ailleurs contre cette idée :

If you make something more realistic, it moves from a concept or an idea to a specific thing. User interfaces typically convey concepts or ideas, not specific things; they are full of symbols. The little house isn’t really a little house, it’s “home”.

Mathis a raison : ça n'est pas le réalisme photographique qui importe. Mais les interfaces ont besoin d'une réalité qui leur est propre, d'une « choséité », de quelque chose qui inspire le toucher au moment du regard. (Ça me donne grandement envie de creuser la question.)

Mirrors, surfaces, windows

Gravity7 :

Imagine that you are sitting across from a friend. There is a screen between the two of you. Now in social media, that screen has three modes. It may be a mirror, and you see yourself reflected. Or it is a surface, and you see what your friend has posted on it. Or it is a window, and you can talk through it with your friend. Design requirements are different for each mode. In the mirror mode, the interface should present an engaging and compelling reflection. In the surface mode, it should organize and structure content and navigation. And in the window mode, it should become transparent and unobtrusive.

I’ve come to see craft in the intangibles as well—in the rhythm of a well-written sentence, in the exact number of pixels separating two columns, in the lucidity that emerges from an orderly line of code.
In this manner, the web is itself an enormous place for craft—in that every bit of markup or CSS, every decision about font-size or color, every float, and every sentence have within them the opportunity for craft—the chance for the maker (be it the designer or the engineer or the writer) to put more of themselves into it than they have to.

Mandy Brown, A working library / On craft

De la puissance en boîte de conserve

Bill Atkinson, dans le magazine Known Users, novembre 1987:

But at the same time, we made it harder for the programmers to create Macintosh applications. It really takes not only a professional programmer, but also someone who has spent a year or so learning the Inside Macintosh handbook to understand how to use all the Toolkit features, the graphics, the menus, etc. So the Macintosh dream wasn’t really complete because the individuals couldn’t get all the power of the personal computer. They could only use canned pieces of power.

HyperCard, acting like a software erector set, really opens up Macintosh software architecture to where individual people can make their own customized information environment, and interactive information and applications without having to know any programming language.

Un des plus grands développeurs de l'histoire de l'informatique déclare que le logiciel, ça n'est que de la puissance en boîte de conserve.

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Qu’est-ce qu’un logiciel ?

Nicolas Auray, Politique de l'informatique et de l'information, partie II, « Le logiciel comme dégénérescence de l'information », 2000 :

Qu’est-ce qu’un logiciel ? C'est un ensemble de programmes destinés à effectuer un traitement sur un ordinateur, en transformant des données entrées en une information de sortie. (…) De façon plus précise, le logiciel présente une caractéristique fondamentale : la prise de connaissance de son code source est techniquement impossible à réaliser à partir de la disposition du logiciel lui-même. (…)
Le logiciel peut ainsi être appréhendé comme un outil qui enferme et rend indisponible la formalisation d’un savoir. Ainsi, du projet informatique au logiciel, il y a donc une dégénérescence.

C'est une position forte, pour le moins, que de dire qu'il y a plus de valeur dans le code source que dans le logiciel.

Gilbert Simondon, Du mode d'existence des objets techniques, 1958, p. 11 :

La machine qui est douée d'une haute technicité est une machine ouverte, et l'ensemble des machines ouvertes suppose l'homme comme organisateur permanent, comme interprète vivant des machines les unes par rapport aux autres. Loin d’être le surveillant d'une troupe d'esclaves, l'homme est le l'organisateur permanent d'une société des objets techniques qui ont besoin de lui comme les musiciens ont besoin d'un chef d'orchestre.

C'est sans doute une des plus précises caractérisation des interfaces homme-machine, graphiques ou pas, que l'on puisse donner.

Politique des interfaces

L’autre jour, j'ai laissé entendre que ces questions d'interfaces graphiques pouvaient avoir une dimension politique. Ce sont des idées qui traînent dans ma tête, qui me paraissent actuelles et sur lesquelles j'oblige mes pauvres étudiants à travailler. Ce n'est pas qu'il y ait, à ma connaissance, des interfaces de gauche ou de droite, des fenêtres libérales ou conservatrices. Les interfaces sont politiques au sens où elles organisent une répartition du pouvoir ; elles le sont doublement quand cette répartition se fait de manière implicite ou dissimulée.

Je propose de commencer une petite série de citations, d'observations et de remarques sur la question.

Contre la fenêtre

Au cours des semaines précédentes, deux nouveaux systèmes informatiques particulièrement prometteurs ont été annoncés : litl et Google Chrome OS. Chrome OS est – pour l’instant – présenté comme un système d’appoint, adapté aux netbooks. Le système du litl est spécifique au litl webbook, un appareil assez charmant, à mi-chemin entre télévision et ordinateur portable, conçu pour la maison. Aucun de ces deux systèmes ne conserve la fenêtre traditionnelle.

J'ai pu jouer avec un version préliminaire de Chrome OS qui traîne sur internet, mais je n'ai pas encore vu de litl. Ce que je propose ici, c'est une étude des discours qui justifient l'absence de la fenêtre.

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Superposez-vous vos fenêtres ?

Au cours de mes explorations sur l’histoire des fenêtres dans les interfaces utilisateurs, une ligne de partage est apparue entre les fenêtres superposables (overlapping) et les fenêtres simplement juxtaposables (tiling).1


Lisa


Le Lisa d’Apple, commercialisé en 1983, superpose les fenêtres comme des feuilles de papier.

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Les interfaces familières

Certaines choses nous sont tellement familières que l’on ne parvient plus à les imaginer autrement. Elles ne nous surprennent plus. Nous les reconnaissons uniquement que par ce que nous savons en faire ; elles deviennent transparentes et utiles, subordonnées à nos tâches et à nos habitudes.

Si l’on se concentre sur une de ces choses, si l’on s’efforce de la voir, la question se retourne – ce n’est plus ce que nous faisons avec cette chose qui est intéressant, mais ce que cette chose nous fait quand nous nous en servons. Et si l’on se plonge dans l’histoire de cette chose – dans les aventures, les conflits, les rencontres et les séparations qui l’ont conduite à son état présent – on risque d’en découvrir autant sur ceux qui l’on conçue que sur nous qui l’utilisions sans y penser.

Ce sont des explorations de ce type que je veux mener ici. Je travaille sur les interfaces graphiques des ordinateurs, et c’est ainsi que j’étudie les éléments de ces interfaces – les fenêtres, les icônes, les boutons, &c. – comme des objets familiers qu’il faut ouvrir et relire.

Mon premier objet sera la fenêtre.

J'ai vraiment bon espoir que les petits problèmes auxquels la presse est confrontée actuellement vont être l'occasion de refontes qui privilégient l'intelligence et la qualité.

Ça, en revanche, c'est humiliant et pour le journal qui l'envoie, et pour moi qui me suis inscrit à un service pareil.

Chroniques en passant

Transformers 2, Michael Bay

L'animisme à l'américaine.

En sortant du film, je me suis pris à regarder tous les véhicules qui croisaient ma route avec un mélange d'affection et d'appréhension. Ces gars là aiment vraiment leurs bagnoles.

Up, studios Disney / Pixar

Dans les toutes dernières secondes du jeu Passage, le personnage subsiste encore, courbé, ralenti, triste. Sa femme vient de mourir. Lui, il ne lui reste que peu de temps.

Up se déroule au cours de ce très bref intervalle. Il s'y passe beaucoup de choses.

Les bancs publics, de Bruno Podalydès, avec à peu près tous mes acteurs préférés

Comme dans la chanson de Brassens. Les gens qu'on voit de travers, qu'on envie, qu'on découvre peu à peu, qu'on a été.

Un jeu existentiel

drunkendragonfly évoque Passage :

Ce que je trouve assez puissant dans ce jeu par ailleurs bien émouvant (l’être humain représenté par quelques pixels, l’amour représenté si sobrement), c’est le fait qu’il mette à distance notre propre vie pour nous permettre d’en voir les mécanismes : la façon dont on est emprisonné dans le cadre qu’est la vie ; le fait d’essayer de bien jouer, de bien vivre, même si peu de différences existent en fin de compte face à la vie et face à la mort. (…)

Mais ce qui me gène là-dedans, c’est d’abord le manque de manoeuvres que l’on a (qu’on avance, qu’on recule ou qu’on descende, ça ne change rien du tout, le temps passe), et puis ensuite le néant de la fin, qui efface pour ainsi dire tout ce qui a été fait. En fin de compte, tout se vaut : une vie, c’est un cadre dans lequel le temps passe, quoiqu’il arrive et quoique l’on fasse. Alors c’est sans doute la force du jeu de permettre de prendre conscience de cet aspect dérisoire, presque négligeable de la vie. Mais qu’on soit du côté de l’absurde ou qu’on soit vaguement spiritualiste, on ne peut pas s’empêcher de regretter qu’il n’y ait pas la place pour du qualitatif dans ce jeu. Qu’il n’y ait pas au moins des degrés de bonne vie dans ce jeu, et que l’anéantissement que sera la mort aplanisse d’emblée toute différence dans la façon de jouer.

Je trouve que ce que les gens racontent du jeu en dit plus sur eux que sur le jeu lui-même. La première fois qu'on y joue, on assume et on imagine tout un tas de choses, de règles.

– Au début, je n'avais pas remarqué qu'on pouvait gagner des points. J'ai très vite pensé qu'il fallait aller le plus loin possible, et voir le plus de paysage, abandonnant l'exploration verticale que je trouvais trop frustrante et complexe. Il m'a fallu un temps considérable pour me rendre compte qu'il n'était pas nécessaire de jouer “en couple”. J'ai immédiatement mis du sens partout. Parfois, je n'ai joué que pour entendre la musique à nouveau.

Allez y jouer. Et lisez l'article d'Esquire sur le créateur du jeu, Jason Rohrer.

Computer usage as a creative act

Alex Payne:

Switching Season is about a desire to tinker, to play, to explore other possibilities for the tools that dominate my life as technologist. That’s why it comes on, strong and regular, grabbing at my attention and pulling me away from more measurably productive pursuits. It takes me back to age 14, installing Linux on a terrible old PC for the first time, trying to get things working, learning something new in the process. It’s about computer usage as a creative act, something that becomes harder and harder to experience the more proficient one gets with a computer.

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J'aimerais bien retrouver les mots exacts du Special Agent Dale Cooper quand il décrit le tartare.

SMSperanto

Moi :
Estates ab Behenefi ? Sum ab sedes W20.
Nico :
Sum ab msh! Pecato.
Jom :
No comprendo le yiddish louije! Rani fi madrab m80. Lunch at 13h?
Syl :
Yo soy crevado, und bnfsaturiert. Aber morgen, vielleicht...

Why are people in Paris so rude?

Through the Aardvark service, Tim F. from Boston asked me the following question: Why are French people so rude? I thought this deserved a public answer. Please tell me if you have something more profound to add.

That’s a good one; and I am proud, being a Parisian myself, to answer your question.

Let us put aside, for the argument’s sake, the obvious moral and logical hole in the question’s phrasing. Why are people in Paris so rude? Well, they’re not. Like everywhere else, some are. Some appear to be. Some simply are not. But that is not what the question is about.

The question is about perception and reputation, not about fact.

So, let us clarify. What is the real perception behind the question – the overall rudeness of the people in Paris, or their rudeness towards strangers in particular (especially North American ones)?

People in Paris Are Rude to Strangers

1. Everybody Else’s Cultural Exception

Along with an uncommonly crass ability for learning foreign languages, many French people, regardless of their age, have yet to come to terms with the rest of the world’s unwillingness to switch to French as a global language. Parisian shop owners’ sense of entitlement when they refuse to attend to non-French speaking patrons is a delight to behold. In time, you will learn to appreciate it. Before that, you would be better inspired to learn some French.

2. Then Again, Why Act Nice With Tourists?

As David Foster Wallace so precisely wrote, “as a tourist, you become economically significant but existentially loathsome, an insect on a dead thing.”

Actually, the insect metaphor deserves some exploration. I have taken the liberty to map walking patterns in my street (one of the most touristy ones of Paris, right underneath the Sacré Cœur). To wit: the tourists evolve using an irregular sinusoidal pattern with a constantly changing speed, not altogether unlike a colony of drunk marching ants, hypnotised by nearby accordéon music. The local, conversely, enjoys a fast, steady and efficient ride through the urban threads. When the two curves cross each other, rudeness might occur.

Tourisme

3. We Used to Be Best Fucking Friends

Then there is this love / hate thing going in between the American and the French. Sure, the French lent their philosophers a few centuries ago, and in return the American helped the French out of several tight situations, most involving the Germans. Perhaps they helped too much, because the French, being much prouder than they can afford to, have resorted to despising American culture in return. Common siblings stuff going on here, especially when the younger child just seems bigger and better in almost every respect (that is, if you take out culture, food, social care, health, and so on).

So: it’s not rudeness. It is a love cry. Deep down.

People in Paris Are Just Rude

1. The “Shell” Theory

People in Paris are not rude, they just do not engage in superficial or short-lived relationships. Like lobsters, Parisians are actually a delicious, constant source of delight once they have taken their shell away.

I am fittingly reminded of this wonderful article about why New Yorkers seem rude : “In the United States today, public behavior is ruled by a kind of compulsory cheer that people probably picked up from television and advertising and that coats their transactions in a smooth, shiny glaze, making them seem empty-headed. New Yorkers have not yet gotten the knack of this.”

2. Sartrian Waiters

It is a common subject of blague that the higher standing the restaurant, the ruder the waiter should be. Sartre once wrote a book about this phenomenon, arguing that deep down, the waiter is not actually rude, but afraid of freedom.

3. Just Because

Does the truth have to be so ugly? Are people in Paris are just rude, period? Sure they despise every other city in the country, they drive like hell, they do not talk to strangers, nor do they help the forlorn foreigner struggling with his upside down plan de métro. Their politeness consist of pre-recorded cries of bonjour, merci, au r'voir and most especially pardon, so conveniently handed out when they viciously bump into you and stroll away without a second look. They are so rude, only Swedes (via) ever told me they found the French polite.

Now just get over with it and get off my street. Putain.