drunkendragonfly évoque Passage :

Ce que je trouve assez puissant dans ce jeu par ailleurs bien émouvant (l’être humain représenté par quelques pixels, l’amour représenté si sobrement), c’est le fait qu’il mette à distance notre propre vie pour nous permettre d’en voir les mécanismes : la façon dont on est emprisonné dans le cadre qu’est la vie ; le fait d’essayer de bien jouer, de bien vivre, même si peu de différences existent en fin de compte face à la vie et face à la mort. (…)

Mais ce qui me gène là-dedans, c’est d’abord le manque de manoeuvres que l’on a (qu’on avance, qu’on recule ou qu’on descende, ça ne change rien du tout, le temps passe), et puis ensuite le néant de la fin, qui efface pour ainsi dire tout ce qui a été fait. En fin de compte, tout se vaut : une vie, c’est un cadre dans lequel le temps passe, quoiqu’il arrive et quoique l’on fasse. Alors c’est sans doute la force du jeu de permettre de prendre conscience de cet aspect dérisoire, presque négligeable de la vie. Mais qu’on soit du côté de l’absurde ou qu’on soit vaguement spiritualiste, on ne peut pas s’empêcher de regretter qu’il n’y ait pas la place pour du qualitatif dans ce jeu. Qu’il n’y ait pas au moins des degrés de bonne vie dans ce jeu, et que l’anéantissement que sera la mort aplanisse d’emblée toute différence dans la façon de jouer.

Je trouve que ce que les gens racontent du jeu en dit plus sur eux que sur le jeu lui-même. La première fois qu'on y joue, on assume et on imagine tout un tas de choses, de règles.

– Au début, je n'avais pas remarqué qu'on pouvait gagner des points. J'ai très vite pensé qu'il fallait aller le plus loin possible, et voir le plus de paysage, abandonnant l'exploration verticale que je trouvais trop frustrante et complexe. Il m'a fallu un temps considérable pour me rendre compte qu'il n'était pas nécessaire de jouer “en couple”. J'ai immédiatement mis du sens partout. Parfois, je n'ai joué que pour entendre la musique à nouveau.

Allez y jouer. Et lisez l'article d'Esquire sur le créateur du jeu, Jason Rohrer.